Norma Bessières ou le souffle du zèbre

 

C’est avec une détermination sans faille que Norma Bessières expérimente, à la manière d’un Buren devenu sculpteur animalier, le motif aux infinies richesses du zèbre. 

Doté naturellement de propriétés graphiques, il inspire depuis toujours (pensons par exemple à Alain Jacquet ou Victor Vasarely) nombre d’artistes qui se sont confrontés à la question du naturel par rapport à l’art ou comment la nature incite les artistes à engager des concepts géométriques et symboliques. 

Le zèbre est en effet cet animal étrange qui fascine parce qu’il se situe à la frontière ténue du dessin et du vivant, une réflexion menée depuis l’antiquité.

 

Depuis une dizaine d'années, Norma Bessières exploite formellement ces éléments sous les formes les plus diverses, ajoutant ici la couleur, retirant là les éléments naturels, multipliant les points de vue et les cadrages, parfois jusqu’à l’abstraction la plus trouble, celle qui nous plonge dans l’œil vivant de l’animal, nous renvoyant à notre propre humanité. 

Mais c’est dans ses nouvelles séries qu’elle explore le fond de ces questions, en positionnant ses pinceaux, ses sculptures, ses installations autour d’une question simple, mais qu’elle sait sublimer avec intelligence et sensibilité : le vivant et l’inanimé. 

 

Vivant le zèbre, sa grâce, sa géométrie incroyable, relevant d’une forme de miracle, presque de sacré ; mais inanimés le tableau, la peinture, les lignes géométriques qui sont tirées de cette image par l’homme et sa propension à vouloir traduire en signes, en symboles, le réel : une définition possible de l’art.

 

La série des Ruptures, et singulièrement les diptyques : quel que soit le sens de lecture, depuis le vivant vers l’inanimé ou le contraire, c’est un ruban, colifichet d’une coquetterie qui nous rend la vie plus belle mais aussi géométrie entrelacée au vivant, cou, vent, tissu, qui représente le souffle, l’inspiration créative, que l’artiste insuffle aux objets pour les ramener à la vie. 

Le zèbre est alors une forme de guide vers cette aspiration universelle à être plutôt qu’à avoir. 

 

Norma Bessières a raison de se tenir à son sujet, car il recèle encore, n’en doutons pas, de nombreuses inspirations futures